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Enfant pas d’amis : Quoi faire en tant que parent?

Découvrir que son enfant n’a pas ou très peu d’amis peut être une grande source d’inquiétude pour un parent. On se demande si c’est normal, si on doit intervenir, ou comment l’accompagner pour qu’il développe des liens positifs. L’amitié joue un rôle essentiel dans le développement social et affectif des enfants : elle leur apprend à partager, à coopérer, à gérer les conflits et à se sentir soutenus. Mais que faire lorsqu’on remarque que son enfant reste souvent seul, qu’il n’est pas invité aux fêtes d’anniversaires ou qu’il semble avoir de la difficulté à se faire une place dans le groupe?

Dans cet article, nous explorerons les raisons possibles derrière cette situation, les signes à observer, et surtout, des pistes concrètes pour aider votre enfant à tisser des amitiés et à s’épanouir dans ses relations sociales.

Comprendre pourquoi votre enfant n’a pas d’amis

Comment différencier solitude choisie et isolement subi?

Un enfant qui aime passer du temps seul peut le faire par plaisir, pour lire, jouer ou simplement se ressourcer. Dans ce cas, la solitude est un choix et elle contribue souvent à son bien-être. L’isolement subi, en revanche, se manifeste quand l’enfant aimerait avoir des amis mais se sent rejeté, exclu ou incapable de créer des liens. Cela peut s’accompagner de tristesse, de baisse d’estime de soi ou d’un sentiment d’injustice.

Vous pouvez observer si votre enfant semble heureux ou souffrant dans ses moments de solitude. Cela vous permettera donc de mieux comprendre s’il s’agit d’un besoin personnel ou d’un signe d’isolement.

Les facteurs liés à l’âge et au développement

Lorsqu’un enfant n’a pas beaucoup d’amis, il est important de garder en tête que l’âge et le stade de développement influencent énormément la façon dont il vit ses relations sociales.

Par exemple, un tout-petit peut être parfaitement heureux de jouer seul, parce qu’à cet âge-là, le jeu parallèle est normal : les enfants s’amusent côte à côte sans forcément interagir. En grandissant, leurs besoins changent.

Selon le site Aider son enfant, avant 10 ans, une relation d’amitié se construit surtout autour du jeu et de la capacité à respecter les règles, plutôt qu’autour de véritables affinités personnelles. Un enfant plus turbulent ou qui a du mal à suivre les règles d’un jeu peut donc avoir plus de difficulté à se faire des amis durant cette période.

Vers 10-11 ans, les choses évoluent encore : les conversations, la personnalité et les intérêts communs deviennent centraux, et c’est parfois une étape délicate pour les enfants plus timides ou qui ne se situent pas au même rythme de maturité que leurs camarades.

Un enfant introverti, ou encore en plein apprentissage de ses habiletés sociales, peut alors sembler isolé, mais cela ne veut pas nécessairement dire qu’il est malheureux. En comprenant mieux où en est votre enfant dans son développement, vous pouvez ajuster vos attentes, l’encourager avec bienveillance et lui offrir des occasions de créer des liens, sans lui mettre de pression inutile.

Les impacts sur la confiance en soi

À l’école, les amitiés deviennent vite un miroir dans lequel ils apprennent à se définir : être choisi pour jouer, être invité à une fête ou simplement avoir quelqu’un avec qui rire à la récréation, sont de petites choses qui font une grande différence dans la façon dont un enfant se perçoit. Quand il se sent rejeté ou souvent mis de côté, il peut commencer à croire qu’il n’est « pas assez » drôle, gentil ou intéressant, ce qui mine son estime.

C’est pour cela qu’il est essentiel, comme parent, de renforcer l’estime de soi à la maison. Rappelez-lui ses forces, valorisez ce qu’il fait bien et donnez-lui l’occasion de briller dans d’autres contextes, que ce soit à la maison, dans une activité qu’il aime ou auprès de la famille.

Plus un enfant se sent reconnu et valorisé dans différentes sphères de sa vie, plus il pourra développer une confiance en lui solide. Cela l’aidera à mieux traverser les défis et à s’ouvrir plus facilement aux autres.

Les causes familiales et environnementales

Les difficultés qu’un enfant rencontre dans ses amitiés ne viennent pas toujours de lui directement. L’environnement familial et social joue aussi un grand rôle.

Par exemple, un déménagement, une séparation, l’arrivée d’un nouveau frère ou d’une nouvelle sœur, ou encore un climat familial tendu peuvent influencer la façon dont un enfant entre en relation avec les autres. Certains enfants deviennent plus réservés ou plus méfiants, d’autres cherchent davantage d’attention et peuvent avoir du mal à trouver leur place dans un groupe.

Le contexte extérieur a aussi son importance. Une classe très compétitive, un milieu scolaire où les différences sont peu tolérées ou encore un quartier où il y a peu d’enfants du même âge peuvent réduire les occasions de créer des liens.

Comment soutenir un enfant qui n’a pas d’amis?

Selon Naître et grandir, si vous remarquez que votre enfant aime passer du temps seul, qu’il vous dit être bien ainsi et qu’il semble épanoui, il n’est pas nécessaire d’intervenir. Vous pouvez toutefois vérifier de temps en temps s’il est toujours à l’aise avec ces moments de solitude et vous assurer qu’il ait aussi des occasions de jouer ou d’interagir avec d’autres enfants (à la maison, au parc, à l’école, etc.) pour développer ses habiletés sociales.

En revanche, si votre enfant paraît isolé et malheureux, il est important d’intervenir avec bienveillance. Cherchez d’abord à comprendre la situation : est-ce un choix personnel ou le résultat d’un conflit? Est-ce passager ou récurrent? Ces réponses vous aideront à mieux soutenir votre enfant.

Favoriser la participation à des activités de groupe

Encourager votre enfant à participer à des activités de groupe peut vraiment l’aider à créer des liens. Que ce soit un cours de danse, de soccer, de natation, un club de sport à l’école ou encore des activités parascolaires, ces occasions lui permettent de rencontrer d’autres élèves et de partager des expériences communes.

Le plus important est de respecter ses intérêts et son rythme, parce qu’un enfant qui fait une activité qu’il aime se sent plus à l’aise et plus confiant. Et quand il est dans un environnement où il est bien, il est beaucoup plus facile pour lui d’aller vers les autres et de se faire des amis.

Apprendre à communiquer et écouter les besoins

Votre enfant doit apprendre à communiquer et à écouter les besoins des autres pour développer de bonnes relations entre pairs. Il ne s’agit pas seulement de parler, mais aussi de savoir entendre et comprendre ce que l’autre ressent. Vous pouvez l’accompagner en lui montrant comment exprimer ses émotions avec des mots simples et en lui posant des questions qui l’aident à réfléchir à ce qu’il ressent vraiment.

Par exemple, posez-lui des questions ouvertes pour qu’il vous raconte sa journée et ce qu’il a aimé. Vous pouvez aussi lui parler et décrire vos actions lorsque vous jouez ensemble, comme « Je vais placer les blocs de cette façon, qu’en penses-tu? »

Aidez-le aussi à se présenter, à poser des questions lorsqu’un ami lui raconte une histoire et à regarder dans les yeux lorsque quelqu’un lui parle. Enfin, encouragez-le à proposer ses idées ou à offrir son aide, car travailler à deux rend souvent les activités plus agréables et enrichissantes!

Impliquer les enseignants et éducateurs

Les enseignants ou les éducateurs peuvent certainement aider lorsqu’un enfant a du mal à se faire des amis. Ces adultes le voient chaque jour évoluer avec ses camarades et ont souvent une perspective que vous n’avez pas à la maison. En discutant avec eux, vous pouvez vérifier s’ils remarquent aussi que votre enfant est souvent seul et, selon la situation, ils pourront suggérer des pistes d’intervention adaptées.

L’enseignant ou l’éducateur peut même, de son côté, créer des occasions pour que votre enfant entre plus facilement en relation avec les autres, par exemple en l’invitant à participer à de petits projets de groupe ou en l’associant à des camarades bienveillants.

Éviter de placer des étiquettes négatives sur l’enfant

Il est important de faire attention aux mots que vous utilisez lorsque vous parlez de votre enfant, même si c’est sans mauvaise intention. Le qualifier de « timide » ou de « solitaire » peut sembler anodin, mais à force de l’entendre, il risque de s’identifier à ces étiquettes et de croire qu’il ne peut pas changer. Cela peut miner son estime de soi et l’empêcher de prendre confiance pour aller vers les autres.

Au lieu de le définir par ce qu’il n’est pas, mettez l’accent sur ses forces et sur les efforts qu’il fait pour créer des liens, même les petites initiatives. En valorisant ses progrès et en lui offrant des expériences positives, vous l’aidez à développer une image de lui-même plus ouverte et à se sentir capable d’évoluer à son rythme.

Encourager les habiletés sociales au quotidien

Encourager les habiletés sociales au quotidien peut se faire dans des moments simples de la vie de tous les jours. Lorsque votre enfant joue avec d’autres, observez discrètement pour voir s’il a besoin d’un petit coup de pouce, par exemple pour apprendre à partager, attendre son tour ou gérer ses émotions.

Ensuite, pratiquez ces apprentissages dans un contexte amusant, comme un jeu de société en famille qui l’habitue aux règles de politesse et au fait de devoir attendre son tour.

Les jeux de rôle sont aussi très utiles : faites semblant de rencontrer un nouvel ami, de régler un petit conflit ou de demander à jouer, en utilisant des marionnettes ou des figurines pour inventer des mises en situations.

Ces exercices ludiques aident votre enfant à développer, petit à petit, la patience, l’écoute et la confiance qui facilitent les amitiés.

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Développer l’empathie et la gestion des émotions

Pour aider un enfant à sortir de l’isolement, l’empathie et la gestion des émotions vont de pair avec une communication positive. Cela signifie d’abord de lui parler de façon encourageante, même lorsqu’il vit une déception ou un conflit. En mettant l’accent sur les solutions plutôt que sur les reproches, vous lui montrez qu’il est possible de régler un problème sans blesser l’autre.

Par exemple, au lieu de dire « ne sois pas fâché », on peut dire « je vois que tu es fâché, que pourrait-on faire pour arranger ça? ». Ce type d’échange lui apprend à exprimer ses besoins avec respect et à écouter ceux des autres, des bases essentielles pour créer des amitiés solides.

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Gérer l’anxiété et la timidité

Pour aider votre enfant à surmonter son anxiété ou sa timidité, il est important d’y aller progressivement. Les activités en petits groupes sont un excellent point de départ, car elles offrent un cadre rassurant tout en permettant de pratiquer les interactions sociales sans être submergé par une foule. Ces moments plus intimes donnent à votre enfant la chance de se sentir en confiance, de prendre la parole et de s’habituer à partager des jeux ou des conversations.

Une fois qu’il se sent plus à l’aise, proposez graduellement des sorties dans des endroits publics comme un parc par exemple. Ces environnements variés l’aident à développer sa tolérance aux nouvelles situations et à élargir son cercle d’amis tout en restant accompagné.

Comme mentionné plus haut, les mises en situation sont aussi très utiles pour le préparer à différents contextes. Par exemple, vous pouvez jouer à « faire semblant » de commander dans un restaurant, de dire bonjour à un nouvel ami ou de poser une question à un adulte. Ces jeux lui permettent de pratiquer les mots, les gestes et les réactions appropriées, tout en renforçant sa confiance pour les vraies rencontres.

Aménager un environnement rassurant à la maison

La maison est le premier lieu où votre enfant apprend à se sentir en sécurité et à développer sa confiance envers les autres. Un environnement rassurant lui permet de recharger ses batteries et d’aborder plus sereinement les interactions à l’école ou dans ses activités. Pour cela, il est important de créer un climat familial où la bienveillance et l’écoute occupent une grande place.

Vous pouvez, par exemple, aménager un coin calme où votre enfant sait qu’il peut aller lorsqu’il a besoin de se détendre, lire ou simplement être seul un moment. Des routines régulières, comme une routine du dodo, un moment de lecture partagée ou encore un temps pour discuter de sa journée, renforcent aussi ce sentiment de stabilité. Ces repères lui donnent confiance et l’aident à mieux gérer ses émotions.

N’hésitez pas à valoriser ses efforts, même les plus petits, lorsqu’il tente d’entrer en relation avec les autres ou de s’exprimer. Le fait de se sentir soutenu et reconnu à la maison lui montre qu’il peut faire des essais, se tromper et recommencer sans peur d’être jugé.

Proposer des moments de jeu avec les pairs

Pour aider votre enfant à développer ses habiletés sociales et à créer une relation d’amitié, rien ne vaut des occasions régulières de jouer avec d’autres enfants. Organiser des visites d’amis à la maison ou planifier des rencontres au parc permet à votre enfant de pratiquer l’art de partager, de collaborer et de résoudre de petits conflits. Ces moments de jeu, qu’ils soient spontanés ou planifiés, sont de véritables terrains d’apprentissage où il peut expérimenter la communication, le compromis et la coopération.

Lorsque votre enfant se sent en confiance dans un environnement familier, il est plus à l’aise pour s’ouvrir et aller vers les autres. Vous pouvez commencer par inviter un seul ami à la fois, puis élargir peu à peu le cercle si votre enfant le souhaite. Ces petites rencontres favorisent des échanges simples mais précieux qui l’aident à tisser des liens et à renforcer sa confiance en lui.

Envisager un suivi psychologique si nécessaire

Si, malgré vos efforts, votre enfant semble toujours en grande difficulté pour créer des liens ou développer ses aptitudes sociales, il peut être utile de consulter un professionnel de santé, comme un psychologue ou un travailleur social spécialisé auprès des enfants. Ce soutien extérieur permet d’évaluer la situation avec un regard neutre, et de proposer des stratégies adaptées aux besoins de votre enfant.

Un suivi psychologique n’est pas un signe d’échec, mais plutôt un geste positif pour l’aider à mieux comprendre ses émotions, gagner en confiance et apprendre, à son rythme, à interagir avec les autres.

Vous pouvez facilement trouver de l’aider d’un psychologue sur le site de l’Ordre des psychologues du Québec.

Grandir entouré d’attention et de douceur

En bref, aider un enfant qui se sent seul ne veut pas dire forcer les amitiés, mais plutôt lui offrir des occasions, du temps et beaucoup d’écoute. Chaque petit geste, comme un mot rassurant, une activité partagée ou une rencontre planifiée, peut l’amener à découvrir peu à peu le plaisir de créer des liens. En l’encourageant sans pression et en respectant son rythme, vous lui montrez qu’il est digne d’amitié et qu’il a tout en lui pour bâtir des relations positives, à son propre tempo.

Questions fréquentes

Pourquoi mon enfant aime jouer seul?

Il est tout à fait normal que certains enfants aiment jouer seuls, et cela ne signifie pas forcément qu’il y a un problème. Certains ont simplement un tempérament plus calme ou introverti et trouvent du plaisir dans leurs propres idées et jeux. Jouer seul peut aussi être un signe d’imagination riche et d’autonomie, car l’enfant apprend à s’occuper, à créer et réfléchir par lui-même.

Tant qu’il semble heureux, qu’il interagit parfois avec d’autres enfants (à l’école, au parc, en famille) et qu’il développe ses aptitudes sociales dans différents contextes, il n’y a pas lieu de s’inquiéter.

À quel âge doit-on vraiment s’inquiéter?

Il n’y a pas vraiment d’âge précis où il faut s’inquiéter, car chaque enfant se développe à son propre rythme. En général, on commence à être plus attentif vers 4 ou 5 ans, quand les amitiés et les jeux en groupe deviennent plus importants. Si votre enfant de cet âge ou plus vieux évite toujours les autres, semble malheureux ou anxieux, ou ne montre aucun intérêt pour interagir, il peut être utile d’en parler avec un professionnel pour voir si un petit coup de pouce serait bénéfique.

Comment encourager l’empathie chez mon enfant?

Vous pouvez encourager l’empathie en montrant l’exemple au quotidien. Parlez des émotions que vous voyez chez les autres (« Regarde, ton ami a l’air triste, qu’est-ce qu’on pourrait faire pour l’aider? ») et nommez aussi vos propres sentiments pour l’aider à les reconnaître.

Lisez des histoires qui présentent différentes émotions et discutez de ce que ressentent les personnages. Personnellement, je vous suggère le livre Le loup qui apprivoisait ses émotions d’Orianne Lallemand et Eléonore Thuillier.

Encouragez-le à partager, à attendre son tour et à prêter attention à ce que les autres disent.

Ces petits gestes répétés aident votre enfant à comprendre les sentiments des autres et à développer sa capacité à se mettre à leur place.

Comment gérer les conflits entre camarades?

Pour aider votre enfant à gérer les conflits avec ses camarades, commencez par l’écouter calmement pour comprendre ce qui s’est passé, sans porter de jugement. Montrez-lui comment exprimer ses émotions avec des mots simples (« Je suis fâché parce que… ») plutôt que par des gestes ou des cris.

Encouragez-le à écouter l’autre enfant et à chercher une solution ensemble, par exemple en proposant un compromis ou en prenant une pause pour se calmer avant de continuer à jouer.

Références: